Nijinsky,
l' oiseau de la mer
À
la mémoire de notre amie adorée
Isabelle Legrand (Izoch).
Andreas
Theocharis, Vaggelis Felouzis
Théâtre
Koryvantes
Rue
Myllerou 78, Metaksourgio, Athènes.
Grèce.
Samedi
et Dimanche 21:00
La
première : Dimanche 27 Mars 2016, 21:00
Mise
en scène et interprétation: Andreas Theocharis.
Vaslav Nijinski (1889-1950), danseur russe
d’origine polonaise, est un de plus grands
danseurs et chorégraphes du XXe siècle. Bien qu’il
n’ait fait la chorégraphie que pour quatre
spectacles (L'Après-midi d'un faune, Jeux, Le
Sacre du printemps, Till l'Espiègle) créés autour
des musiques de Debussy, Stravinski et Strauss, il
est considéré aujourd’hui un des fondateurs de la
danse contemporaine et le premier qui a introduit
la sémiotique au monde de la danse.
Dans ses
chorégraphies, provocatrices pour leur époque,
Nijinski a utilisé des motifs géométriques en
révolutionnant toute forme traditionnelle de
danse. En 1919, après être diagnostiqué
schizophrène, il entre dans une clinique
psychiatrique. Depuis, Nijinski réside dans
plusieurs asiles psychiatriques.
En attendant son
internement, le danseur écrit un texte
bouleversant connu sous le titre Le Journal.
Le spectacle «Nijinski-L’oiseau de la mer» est un
acte théâtrale qui doit son existence à la force
surprenante du Journal. Gestes dans l’ air,
postures du corps qui rappellent des hiéroglyphes
et des figures des vases ainsi que des sons
indéfinis constituent les éléments principaux du
langage théâtral. Il s’agit d’un théâtre poétique
et magique, proche au rituel et ainsi différent du
théâtre traditionnel occidentale qui est basé sur
le dialogue.
Dans cet acte l’acteur n’a que son
corps et cherche constamment à remplir l’espace
vide avec des mouvements qui expriment des
conditions psychiques et oniriques -
hallucinations et visions, idées et symboles. La
musique, la lumière, l’architecture et la
plasticité construisent et déconstruisent la
scène:
le spectateur voyage d’une petite chambre
d’une clinique psychiatrique à une énorme scène
théâtrale, du sommet du mont Sinaï aux Alpes.
Je dis que la scène est un lieu
physique et concret qui demande qu'on le remplisse, et qu'on lui
fasse parler son langage concret.
Je dis que ce langage concret,
destiné au sens et indépendant de la parole, doit satisfaire
d'abord le sens, et qu'il y a une poésie pour les sens comme il y a
une pour le langage, et que ce langage physique et concret auquel je
fais allusion n'est vraiment théâtral que dans la mesure où le
pensées qu'il exprime échappent au langage articulé.
Antonin
Artaud.
SENS
Cela fait de 10 000 pages que je
délire. Je mets les mots bout a bout, vides de sens. J' ai peur du
sens. C' est un sens qui ne me procure aucun plaisir.
Le sens est un
cadre directif qui coupe les ailes de la liberté. Le sens s'empêtre
dans les blocages. Peur du jugement. Seuls les mots qui n'ont pas de
sens amènent d'indulgence.
PUZZLE
Je me suis adressée à
vous dans la confusion la plus totale. Vos mots ne m'ont pas
éclairée. J' en ai restitué l' écho qui m'a parvenu. L'écho
n'est pas le mot, les mots ne sont pas la pensée. Je n'attends pas
de réponses. Je vous fais part de mes bribes de pensée. J' en ai
tout cas reçu des mots qui me
feront réfléchir, les remettre bout à
bout, les changer de place, les scruter, essayer de leur donner sens.
Isabelle Legrand
(Izoch).
Il faut, dit-on, faire des enfants pour
avoir des soldats-et on les tue tandis que la terre se couvre de
cendres. Étant russe je sais c'est que la terre etbien que je sois
incapable de labourer,
je sais que la terre est chaude. Sans cette
chaleur qu'elle nous prodige, nous n'aurions pas de pain. L' homme,
né fort, s'affaiblit par le peu d'attention qu'il accorde à sa
vie. L'amour auquel j'aspire est du domaine de la vie, le rire est
situé dans
celui de la mort. Mais sans doute va-t-on dire: de quel titre
Nijinsky se prévaut-il donc pour toujours parler de Dieu? Ce
n'est qu'un danseur, rien de plus, il a perdu la raison.
Je m'attends
aux railleries et ne me fâcherais pas sans rien faire que pleurer. Je vis, donc je
souffre, mais sur mon visage c'est rarement que l'on peut voir les
larmes: elles coulent en mon âme.
Nijinsky
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